ON VIT QU’IL N’Y AVAIT PLUS RIEN À VOIR
installation
structures en acier
vidéos couleur sans son, 06’07’’, 06’27’’, 06’19’’
dimensions variables
prod. Palais de Tokyo
2018
« On vit qu’il n’y avait plus rien à voir » témoigne un journaliste invité en 2001 par les talibans à constater la destruction de deux statues monumentales de bouddhas, excavées depuis quinze siècles dans les falaises de la vallée de Bâmiyân en Afghanistan. C’est ce phénomène de l’absence à l’échelle de l’espace public qui est étudié à travers l’installation éponyme, une tentative de déceler dans le vide les présences qui s’y dessinent en creux.
Des politiques de destructions architecturales ou patrimoniales ayant été exercées ces dernières années sont observées en différents points du monde : la Schlossplatz de Berlin (Allemagne), détruite et reconstruite à plusieurs reprises entre 1950 et aujourd’hui, la statue de colonels confédérés à Baltimore (USA) retirée de son socle en 2017, et l’église de Sidi Moussa (Algérie) démolie en 2017. Les édifices, représentatifs d’un système d’idées, politique, social ou religieux, ont été « effacés ». Leurs présences dans l’espace public étaient apparues comme faisant état d’un conflit trop fort au sein de la société de sorte qu’il a fallu les supprimer. Les terrains vagues ainsi créés laissent place à l’immense lot de symboles, de traces, de références, d’images, de textes, de légendes, de mythes ou d’affects qui les traverse. On ne voit plus rien, mais on lit le vide.
Les trois vidéos associent les images de ces terrains vagues, dont la lecture nous échappe, aux récits pluriels et subjectifs de leur histoire. Ils sont racontés en langue des signes, un langage incarné et fragmentaire qui, soustitré par bribes, traduit notre incapacité à saisir l’ensemble des enjeux de ces disparitions.